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Jóhann Jóhannsson : disparition d'un géant

11 Février 2018 , Rédigé par Nitischer Zamre Publié dans #MusiK

Jóhann Jóhannsson : disparition d'un géant

Jóhann Jóhannsson nous a quittés à l'âge de 48 ans, le 9 février 2018 à Berlin. Retrouvé sans vie dans son appartement, le compositeur d'origine islandaise était considéré comme un géant de la musique néo-classique.

Nous nous sommes immiscés dans son oeuvre afin de rendre hommage à celui dont il semblait que chaque composition était écrite comme un requiem. 

Au delà de sa notoriété comme auteur de musiques de films, la sensibilité de ses compositions nous avait touché, notamment à travers sa collaboration avec la violoncelliste Hildur Guðnadottir, islandaise aussi, dont la musique méditative semblait évoluer dans un espace tridimensionnel émouvant. (Voir notre article du 31 mai2014 http://trafikandar.overblog.com/2014/05/hildur-gudnadottir-violoncelle-minimal.html)

Par sa musique, Jóhann Jóhannsson, nous plonge au sein d'eaux sombres aux profondeurs insondables qui se meuvent en une majestueuse lenteur. Libre, intemporelle et pleinement contemporaine, faite de souffles et de respirs, ondulant sans entraves, s'immisçant dans nos têtes, s'invitant dans nos pensées, se fondant dans l'écho de nos rêves, cette musique se vit plus qu'elle s'écoute. Le silence érigé en motif sous-tend cette toile patiemment tissée avec obstination et semble ne jamais devoir finir. (Miracle, Mystery and Authority).

Tantôt hallucinatoire, la répétition de mots spectres, ayant abandonné toute lisibilité, rendus abstraits et paradoxalement porteurs de sens, répétés jusqu'à l'absurde, obstinément scandés, nous porte. (A Song for Europa)

Tantôt harcelante, surgie d'abysses insoupçonnées, nous la poursuivons comme envoûtés, aveugles et consentants. Car cette mélancolie recèle un trésor inviolable : notre être intime dans son habit de mortel.

Comme une musique venue de l'intérieur, elle se fond discrètement mais profondément dans l’espace pour parvenir à l’habiter tout entier et pénétrer esprit et chair par le biais du frisson.(Flight from the City)

Comme une musique venue de l'intérieur, elle ne cherche pas à distraire, ni à séduire, elle s'immisce subrepticement et s'impose comme une évidence, comme si nous l'avions produite  nous-même.(Good Morning, Midnight & Good Night, Day)

Cette musique immersive et transcendante évoque un univers étrange remplissant l’atmosphère d'un éther à la fois dense et impalpable.(Odi et Amo)

Des motifs se répètent inlassablement, scandés sur une basse continue, suggèrent des images enfouies, des émotions anciennes, comme une prose mystérieuse dont nous seuls détenons la clé.(The Radiant city)

Car la question du drame de l'existence humaine se pose à chaque portée composée par Jóhann Jóhannsson ; pas tant la mort que la précarité de la vie, le désir, la création salvatrice qui expose ce qui se trame dans le fond sans en révéler l'intention.(Orphic Hymn)

Cette musique est comme une histoire dont on ignore la fin, qui se poursuit bien au-delà de son écoute et nous accompagne pour longtemps.

 

Jóhann Jóhannsson : disparition d'un géant
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