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trafikandar

ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp

4 Janvier 2016 , Rédigé par Nitischer Zamre Publié dans #Arts PlastiK

Pour bien commencer l'année retour au temps des rotoreliefs et des calembours faciles avec cette version muette et complète d'Anémic Cinéma.

Ce film réalisé en 1926 par Marcel Duchamp assisté de Man Ray et de Marc Allégret constitue à la fois une parodie et un chef d'oeuvre du cinéma muet.

Chef d'oeuvre du "cinéma pur" selon les uns, il tourne en dérision le cinéma de l'époque en alternant images et cartons d'intertitres pour les autres.

Les images sont constituées de disques dont la lente rotation produit des effets d'optique qui creusent l'espace en une profondeur illusoire et le font se mouvoir par pure magie. Les titres, inscriptions circulaires, sont formés de calembours et contrepèteries à connotation érotique rappelant le spectateur à la planéité de la toile.

Entre la Roue de Bicyclette de 1913 et les Rotoreliefs de 1935, Marcel Duchamp poursuit ses recherches sur le mouvement circulaire. Ce film illustre l'une de ses expériences.

Fidèle à sa pensée, il choisit toujours de façon rigoureuse dans ses propositions artistiques, les moyens les plus radicaux pour réaliser une oeuvre - qui sera refusée ou considérée comme provocatrice - car elle bouscule les habitudes, elle trace un trait sur toute pensée académique, placardant une réalité nue face au spectateur devenu "regardeur", et désormais responsable de l'oeuvre dont il est pour une part le créateur.

Par cela Marcel Duchamp a secoué le monde de l'art de manière insensible d'abord puis, contre toute attente, a donné naissance à un modèle nouveau de création artistique qui grossira au cours de la seconde moitié du XXème siècle comme une boule de neige, jusqu'à s'imposer. Ouvrant un champ nouveau, l'art est débarrassé de tout affect, la "cosa mentale", le concept, prend définitivement le pas sur les modèles de l'art classique ou moderne dont le créateur était le seul maître et l'artisan tout-puissant.

Désormais sont forcés de coexister différents modèles artistiques ; car l'art ne peut se résoudre à l'esthétique seule, ni au concept seul, ni au savoir-faire seul, mais est sûrement la somme de tout cela pour que le regardeur y puisse plonger et percevoir en retour ce sentiment impalpable, par lequel il connaît et reconnaît quelque chose en lui qui lui échappe.

Marcel disait : " arriver à l'impossibilité" de transposer d'une image à une autre "l'empreinte en mémoire" d'une image semblable "à l'autre, l'empreinte en mémoire".

(John Cage, Rire et se taire sur Marcel Duchamp, entretien avec P&M Roth)

Les opérations aléatoires : en art et aussi en musique, Marcel Duchamp avait 50 ans d'avance.
Sur l'idée du hasard : il choisissait toujours attentivement (...) la méthode la plus simple.

(John Cage, Rire et se taire sur Marcel Duchamp, entretien avec P&M Roth)

ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp
ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp
ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp
ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp
ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp
ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp
ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp
ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp
ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp
ANEMIC CINEMA - Marcel Duchamp

"Le cinéma m'a surtout amusé pour son côté optique. Au lieu de fabriquer une machine qui tourne, comme j'avais fait à New York, je me suis dit: pourquoi ne pas tourner un film ? Ça ne m'intéressait pas pour faire du cinéma en tant que tel, c'était un moyen plus pratique d'arriver à mes résultats optiques. (...) Non, je n'ai pas fait de cinéma, c'était une façon commode d'arriver à ce que je voulais.
D'ailleurs ce cinéma était très drôle. On travaillait millimètre par millimètre parce qu'il n'y avait pas de machines très perfectionnées. Il y avait un petit rond, avec des millimètres marqués, nous tournions image par image. On a fait ça pendant deux semaines.
Les appareils n'étaient pas capables de prendre la scène à n'importe quelle vitesse, ça se brouillait, et comme ça tournait assez vite ça faisait un effet optique curieux. On a donc été obligés d'abandonner la mécanique et de faire tout nous-mêmes. Un retour à la main, pour ainsi dire".
Marcel Duchamp

Entretiens avec Pierre Cabanne

permalien : http://www.photo.rmn.fr/archive/12-543514-2C6NU0886UGO.html

 

 

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